Vous trouverez ici quelques-uns des travaux de recherche sur les plantes d’altitude auxquels j’ai participé – de près ou de loin ! Il s’agit de recherches en évolution et en écologie au sens scientifique du terme, c’est-à-dire de l’étude des interactions entre les êtres vivants et leur environnement, dans le temps et l’espace.
Découvrez en faisant défiler la page ou accédez directement à un sujet précis :
– Programme « Écologie Verticale »
– Description de nouvelles espèces d’androsaces !
– Les îlots de la mer de glace
– Travaux sur la Renouée vivipare
– Recolonisation végétale de la marge pro-glaciaire du glacier Blanc
Programme « Écologie Verticale »
Une grande partie des travaux scientifiques mentionnés sur cette page sont associés au programme de recherche « Écologie Verticale », à l’initiative de Cédric Dentant (botaniste au Parc national des Écrins) et Sébastien Lavergne (chercheur en évolution au CNRS – Laboratoire d’Écologie Alpine, Grenoble) avec qui j’ai régulièrement la chance de travailler.
Après ce teaser, je vous conseille vivement de visionner l’intégralité du très beau reportage « Sur les îles du ciel » d’Olivier Alexandre, qui explique les questionnements scientifiques soulevés par la présence de ces fleurs d’altitude.
Description de nouvelles espèces d’androsaces ! (2020)
Nos relevés et échantillonnages dans les Alpes françaises et italiennes ont permis de révéler la présence de plusieurs espèces d’Androsace non encore décrites ! Trois nouvelles espèces ont ainsi été répertoriées : l’Androsace vesulensis au Mont Viso, l’Androsace delphinensis dans les Écrins, et l’Androsace saussurei dans le massif du Mont-Blanc. Les populations de ces espèces proches, possédant un ancêtre commun, ont évolué séparément, isolées par les glaces dans des massifs montagneux différents. C’est le processus de création d’espèce dit de spéciation allopatrique (rien ne sert de rester au téléphone ! Patrick ne répondra pas…).
Lien vers l’article scientifique :
Discovery of cryptic plant diversity on the rooftops of the Alps
Notre aventure aux îlots de la mer de glace a été l’occasion d’échantillonner les individus de référence (holotype) de l’espèce nouvellement décrite d’Androsace saussurei.
Consulter la part d’herbier :
Androsace saussurei Dentant, Lavergne, F.C. Boucher & S. Ibanez
Les îlots de la mer de glace (2020)
En compagnie de Cédric Dentant, Sébastien Lavergne et Bradley Carlson (guide et chercheur au CREA), nous avons menés des travaux de recherches dans le massif du Mont-Blanc, faits que je relate dans l’article AlpineMag : Sur les traces de Saussure : Alpinisme, Climat et Botanique
Il s’agit d’une étude comparative des plantes présentes dans des îlots rocheux d’altitude (jusqu’à 3500m), isolés au milieu d’océans de glace – également appelés nunataks par les chercheurs, ce qui signifie « montagnes » en inuit. Nous avons suivi les pas d’Horace Bénédicte de Saussure (parce-que pour marcher, c’est effectivement toujours mieux avec deux saussures…) qui avait réalisé des relevés botaniques dans ces mêmes endroits il y a près de 200 ans !…
Nous avons publiés nos résultats dans l’article scientifique suivant : Cédric Dentant, Bradley Z. Carlson, Nicolas Bartalucci, Arthur Bayle & Sébastien Lavergne (2023) Anthropocene trajectories of high alpine vegetation on Mont-Blanc nunataks, Botany Letters, DOI: 10.1080/23818107.2023.2231503
Travaux sur la Renouée vivipare (2019)
J’ai eu le plaisir de travailler – au sein du Laboratoire d’Écologie Alpine de Grenoble (LECA), dans le cadre de mon stage de Master 1 Biodiversité, Écologie, Évolution – sur des données de traits fonctionnels (caractéristiques morphologiques associées à des fonctions précises pour les espèces, comme la nutrition et la reproduction) d’une espèce très présente dans les milieux arctico-alpins : la Renouée vivipare (Persicaria vivipara). L’objectif de l’étude était de mesurer quelle est la part de la variabilité de ces traits liée à l’environnement (notamment l’altitude) ou à la génétique.
Télécharger le document :
Variation phénotypique des traits fonctionnels de Persicaria
vivipara le long d’un gradient environnemental
Cette espèce est particulièrement intéressante. Bien qu’elle fleurisse et dispose donc d’organes permettant a priori la reproduction sexuée, ses fleurs ne produisent jamais de graines. Elle ne se reproduit en effet que par clonage grâce à la production de bulbilles.
(Un article scientifique en lien avec ces travaux est en cours de soumission, il sera bientôt disponible.)
Recolonisation végétale de la marge pro-glaciaire du glacier Blanc (2020)
Ce n’est pas un scoop, les glaciers fondent de plus en plus vite ! Les milieux alpins sont particulièrement touchés par le réchauffement climatique. C’est ainsi que beaucoup de sols qui étaient sous la glace il y a encore quelques années se retrouvent à l’air libre, au grand bonheur de certaines plantes !
En collaboration avec le Parc national des Écrins, l’objectif de mon mémoire de Master 2 BEE Dynamique et modélisation des populations a été de mieux comprendre les dynamiques de recolonisation des espèces végétales sur les espaces nouvellement déglacés en bordure de glacier suite au réchauffement climatique, grâce à des données acquises sur la marge pro-glaciaire du glacier Blanc. Pour cela, plusieurs points d’échantillonnage ont été pris aléatoirement plus ou moins loin du front actuel du glacier. Chaque point est associé à une date de désenglacement (selon sa distance au front du glacier), nous donnant ainsi l’âge des communautés végétales de chaque zone d’échantillonnage. Ce type de données constitue ce que l’on appelle une chrono-séquence permettant de comprendre comment les communautés végétales évoluent, par stades (appelés stades de succession végétale), depuis que les sols nus sont libérés du glacier.
Télécharger le document :
Structuration floristique et fonctionnelle des assemblages d’espèces observés sur la marge pro-glaciaire du glacier Blanc : une question de temps, d’espace et de variabilité abiotique locale